Prométhéisme de la science

Les explorateurs de la substance, de l’énergie, de l’indéfiniment petit et de l’indéfiniment grand, ont beau s’enfoncer, de découverte en découverte et d’hypothèse en hypothèse, dans le mécanisme de notre monde, où ils trouveront sans doute toutes sortes d’aperçus instructifs sur la structure des catégories physiques, mais en fait ils n’arriveront jamais au bout de leur trajectoire; les fondements de l’existence ont quelque chose d’indéfini et ne se livreront pas. Isis est « tout ce qui a été, tout ce qui est et tout ce qui sera », et « nul n’a jamais soulevé mon voile »; inutile de le tenter, d’autant qu’en cet ordre de grandeur l’inutile coïncide avec le pernicieux; ce qu’indiquent les mythes de Prométhée, d’Icare, des Titans, de Lucifer, et ce que prouvent à satiété les expériences des deux derniers siècles.(1) Racines de la condition humaine, p.31-32.

1. Ne pas oublier dans ce contexte que la science moderne opère avec des instruments — au sens le plus large — qui dans une civilisation traditionnelle ne saurait exister ; c’est dire qu’il est des savoirs qui, à rigoureusement parler, n’ont pas droit à l’existence.

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